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Voyages

avez vouée de nous conduire dans un autre monde ; le seul nom de Mars m’épouvante ; je m’imagine qu’il n’est rempli que de citoyens barbares & féroces, qui tous ne respirent que duel, sang & carnage : que voulez-vous que je fasse dans un pareil monde ? Une femme est-elle faite pour aller affronter les hasards ?

Éloignez de vous, chère Monime, ces craintes puériles & frivoles ; mon dessein n’est pas de vous exposer à la fureur des combats ; mais, ma chère fille, ne voulez-vous rien faire en faveur de Céton ; ce n’est qu’ici où il peut faire son apprentissage dans le métier de la guerre ; vous n’ignorez pas qu’un seigneur tel que lui ne peut être occupé à d’autre emploi, ni parvenir à aucun autre grade militaire : si vous l’aimez, vous ne pouvez jamais lui donner de plus grandes marques d’amitié, qu’en l’excitant vous-même à ne négliger aucun des moyens qui se présenteront de faire valoir son courage. C’est-à-dire, dit Monime avec une sorte de dépit & d’impatience, que vous voudriez me faire ressembler à ces femmes qui ne trouvent de plaisirs dans le choix qu’elles font d’un militaire pour époux, que celui de le voir partir pour l’armée, sans être obligées de le suivre : contentes de s’en éloigner, elles jouissent de la satisfaction, ou