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de Milord Céton.

tueuses ont leur intervalle de ralentissement & de silence ; c’est par ce moyen qu’elles laissent le tems à une raison droite & éclairée, d’apercevoir les précipices où elles conduisent & de s’armer de nouvelles forces pour les combattre, ou pour en sortir lorsqu’on a eu le malheur de se laisser surprendre.

Nous ne vîmes dans toute la planète de Vénus que gens livrés à l’amour, aux plaisirs, à la volupté & à la bonne chère ; leurs tables sont servies avec un soin extrême de tout ce qu’il y a de nouveau, de tout ce qui peut flatter le goût, exciter l’appétit, & échauffer le sang, jamais on n’y attend ni la faim, ni la soif, & toujours on y prévient ses desirs avec beaucoup de sensualité ; il est vrai qu’ils ignorent entièrement cette vraie volupté, qui ne peut être sentie que par des ames vertueuses, & qu’on ne parvient à goûter qu’après avoir su se vaincre soi-même.

L’amour, dans tous les mondes, a toujours passé pour le bonheur le plus parfait que les hommes puissent goûter ; c’est ce qui les a déterminés à en faire un dieu : dans le premier âge des mondes, la modestie & la pudeur faisoient une partie essentielle de son culte ; les plaisirs & les jeux innocens animoient ses fêtes : mais lorsque le règne des