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de Milord Céton.

ces vices, qui en attirent une infinité d’autres, comme des vertus, malgré la contagion qu’ils répandent jusqu’au dernier du peuple ; & l’on peut dire que ce luxe poussé à l’excès, tend à la ruine de tous les citoyens, qui, par un abus inconcevable, se croyent dans l’obligation de se copier les uns & les autres. Cet exemple que les dames de la cour autorisent, en imitant la magnificence de la reine, fait que les femmes de ceux qui sont élevés en dignité, s’efforcent de copier les dames de la cour ; les personnes d’un état médiocre veulent imiter Les grands, aucun ne se rend justice ; les petits se flattent de passer pour médiocres ; tout le monde veut briller ; on sort de sa sphère, & l’on court à sa ruine ; les uns par faste & par vanité, ou pour se prévaloir de leurs richesses ; les autres par mauvaise honte, afin de cacher leur misère ; mais ceux qui sont assez sages pour condamner un si grand désordre, ne le sont pas assez pour oser se réformer les premiers, ni pour donner des exemples contraires. Comme ce n’est qu’au faste & à la parure qu’on rend hommage, ils craindroient sans doute de se voir trop humiliés, s’ils se présentoient dans les compagnies d’un air simple & modeste ; c’est pourquoi ils sont forcés de se laisser entraîner par le torrent des préjugés. Chez eux