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Voyage

ils ne peuvent plus se passer, quoiqu’ils ne les connussent pas deux mois avant. Ces modes, nées du caprice & de l’inconstance, ont vraisemblablement pris naissance chez eux, & c’est aussi dans ce monde où elles font leur séjour ordinaire : coëffures, habits, couleurs, desseins, façons galantes, frisures à la grecque, en chou ou en artichaut, plaisirs de modes, nouvelles allures, jeux, talens, ragoûts, & même jusqu’au langage qu’on voit régner & tomber tour à tour au gré du caprice ; c’est la mode qui change tout ; c’est elle qui force un bel-esprit, un philosophe, un bon poëte, un grand auteur à céder à des petits génies, qu’il lui plaît de mettre en crédit ; c’est elle qui fait qu’on oublie ses anciens amis, pour ne s’occuper que de ses nouvelles connaissances ; enfin elle étend sa puissance jusqu’au culte qu’on doit rendre aux dieux, & l’on change d’usage à cet égard comme dans les choses les plus indifférentes.

Ces variations de goûts, jointes au luxe qui règne dans ce monde, y sont décorées du litre de bon goût, de perfection des arts & de délicatesse de la nation, qui doit nécessairement répandre une aménité & une suavité qui rend tous les citoyens parfaitement heureux : leur amour-propre leur fait sans doute regarder