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Voyages

au ciel, & du ciel en terre. Dites-moi donc, cher papa, ce que vous faites de vos corps pendant ces voyages : car je m’imagine qu’avec de bonnes lunettes, il ne seroit pas difficile à nos astronomes de vous appercevoir, à moins que vous ne vous cachiez dans un nuage. Comme nos corps ne sont que phantastiques, dit le génie, le simple desir nous en dégage, ou nous en fait revêtir, suivant l’occasion, & nous donne, en même tems, la facilité de prendre telle figure qu’il nous plaît.

Quel dommage, reprit Monime, que nous n’ayons pas la même facilité ! Auriez-vous envie de changer de figure, dit le génie ? Oui, je voudrois prendre la vôtre : quel plaisir j’aurois, mon cher Zachiel, d’imaginer que Céton & moi pourrions être sans cesse avec vous ; & que voltigeant çà & là dans les airs, nous n’aurions plus à craindre les injustes poursuites du tyran qui nous opprime ! Je sens bien que ce sont de vains souhaits, dont l’accomplissement devient impossible.

Pas si impossible que vous le pensez, dit Zachiel, & si vous vous sentez assez de courage pour m’accompagner dans différens mondes, où ma présence est absolument nécessaire, je pourrois bien vous procurer l’avantage que vous désirez, en vous faisant prendre des corps