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de Milord Céton.

fus donc sacrifiée à l’inconstance de Volins, & à la haine que Mélise avoit conçue pour une rivale qui avoit joui long-tems de toute la tendresse de son amant, & je fus forcée de retourner chez mon père, & d’y vivre dans l’obscurité d’une fortune si médiocre, qu’elle nous fournissoit à peine de quoi subsister. Ainsi, ma chère, vous voyez qu’après avoir renoncé en faveur de Volins aux établissemens les plus brillans, je n’en ai reçu pour toute reconnoissance qu’un parfait abandon de sa part. Mon amour-propre humilié de toutes façons, m’a jetté dans le désespoir où vous m’avez vue ; mais ce qui y a mis le comble, c’est d’apprendre que Lisimon ne s’est éloigné que par les calomnies que le traître Volins a employées pour me noircir dans son esprit : ce n’est que dans la vue de me justifier auprès de lui, que j’ai consenti à vous suivre dans cette île.

Je ne puis revenir de ma surprise, dit Agla, & rends grâce à l’amour de vous avoir vengée de Volins : vous ignorez peut-être que Mélise, convaincue de sa nouvelle intrigue, lui a entièrement retiré toutes ses faveurs, & a obtenu de la cour un ordre qui l’exiloit dans les déserts de la Réflexion. Mais ce n’est pas tout : cette petite créature pour laquelle il vous a sacrifiée, qui lui a fait perdre les bonnes