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elle, par la protection qu’elle lui faisoit accorder, & par les sommes considérables qu’il tiroit d’elle. J’étois aussi pour lui une ressource qu’il vouloit ménager pour les quarts-d’heures qui ne lui étoient pas favorables auprès de Mélise ; j’étois pour ainsi dire comme un corps de réserve qui lui servoit dans les tems de disette.

Mélise, qui méditoit une vengeance éclatante, voulut d’abord le convaincre de sa perfidie ; elle lui montra la lettre qu’il m’avoit écrite ; on me fit descendre, & malgré le respect que je devois à Mélise, je ne pus m’empêcher de lui reprocher toute la noirceur de sa conduite. Je présentai ensuite à Mélise un gros paquet de lettres de Volins, dans lesquelles il employoit les termes les plus séducteurs pour corrompre mon innocence.

Vous croiriez peut-être, chère Agla, qu’elles durent faire impression sur l’esprit de Mélise, & servir en quelque façon à ma justification ; non, le fourbe Volins trouva encore le secret de l’appaiser, en lui persuadant que les lettres que je venois de lui remettre n’avoient été écrites que sous le nom d’Eraste ; je priai Mélise de faire venir Eraste ; mais Volins s’y opposa, en disant que c’étoit compromettre sa personne, que de descendre à des explications, toujours humiliantes pour des gens d’un certain ton. Je