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de Milord Céton.

tement jusqu’à se servir de termes injurieux que je ne pus entendre sans verser des larmes. Ce jour devoit être l’époque de tous mes malheurs, car en tirant mon mouchoir je fis tomber une lettre que j’avais reçue du perfide Volins ; Mélise la croyant d’Ariste, s’en saisit pour me convaincre d’imposture ; mais quelle fut sa surprise, lorsqu’elle en reconnut le caractère ; elle la lut plusieurs fois avec avidité. Cette lettre renfermoit quelques mauvaises justifications sur une nouvelle intrigue, que j’avois cru être en droit de lui reprocher ; elle finissoit par les plus amples protestations d’un amour sincère & d’un attachement inviolable. Mélise, après l’avoir lue, me regarda avec des yeux où la fureur étoit exprimée ; & sans vouloir écouter aucune de mes raisons, elle me chassa de son appartement. Mais comment pouvoir vous peindre la trahison de cet homme faux & subtil ? De quelles expressions me servir qui puissent caractériser le mépris & la haine que je ressens pour lui !

Cependant Volins, dans le premier feu de sa nouvelle intrigue, ne croyoit pas qu’elle eût transpiré, il se reposoit sur la discrétion de ses gens : dans cette persuasion, il vint plein d’assurance faire sa cour à Mélise ; il avoit un intérêt sensible à ne se point brouiller avec