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Voyages

eut pitié de mon sort ; elle me demanda à mon père, & n’eut pas de peine à m’obtenir, promettant de me faire trouver bientôt un établissement convenable. Je fus donc introduite chez Mélise. Mon air de langueur la toucha, & de concert avec Volins ils travaillèrent l’un & l’autre à me rendre ma tranquillité : le perfide n’avoit pas besoin d’y être excité. Il me rendit des soins assidus, qu’il faisoit valoir auprès de Mélise, comme un excès de complaisance de sa part.

Prévenue en faveur de Volins, par les éloges que Mélise ne cessoit de donner à ses moindres actions, il commença à gagner mon estime & ma confiance. Je cessai de pleurer mon infidèle, & bientôt je ne pensai plus à lui que pour détecter l’indignité de ses procédés. Volins sut profiter de ces circonstances, & remplit enfin la place que Lisimon avoit occupée dans mon cœur. Plusieurs partis considérables se présentèrent ; mais remplie de ma nouvelle passion, aucun n’eut l’avantage de me plaire. Volins parut sensible au sacrifice que je lui faisois d’une fortune brillante. Ah ! ma chère, que je goûtois de plaisir à les lui faire ! Incapable d’aucun autre attachement, je mettois toute ma gloire à le convaincre de mon amour ; cependant le perfide se faisoit un jeu