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de Milord Céton.

service des autels ; cet ordre me fut aussi signifié. J’avoue que dans l’espoir de revoir mon amant, je n’en ressentis qu’un médiocre chagrin.

Mon père, peu favorisé des biens de la fortune, fâché de mon retour, me montra d’abord beaucoup d’humeur de ma sortie du temple, quoiqu’elle fût forcée. Vous pouvez croire, chère Agla, que mon premier soin fut de m’informer de Lisimon. J’étois si éloignée de le soupçonner d’infidélité, que je pensai qu’une maladie violente le retenait au lit : mon dessein étoit donc de le prévenir, pour lui épargner les inquiétudes que pourroit lui causer ma sortie du temple ; mais Volins, attentif à toutes mes démarches, me fit dire par une personne qu’il avoit apostée, que le dernier jour que j’avois vu Lisimon, il s’étoit embarqué la nuit même pour se rendre dans l’île de la Galanterie, avec une femme qu’il y entretenoit depuis long-tems. Je fus si sensible à la perfidie de mon amant, & l’indignité de son procédé m’agita au point que j’en tombai malade.

Mon aventure s’étant répandue dans la ville, Mélise, veuve très-riche, dont l’hôtel étoit vis-à-vis la maison de mon père, & qui recevoit tous les jours nombreuse compagnie chez elle,