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Voyages

appercevoir. La dame, occupée du jeune homme, ne put remarquer la vive impression que je fis sur le cœur de son amant. Ne croyant pas être connue de Volins, j’engageai Lisimon à faire encore plusieurs tours sous le berceau couvert.

Cependant Volins & sa maîtresse, tous deux rêveurs & distraits, furent quelque tems sans se parler ; puis se reprochant l’un à l’autre l’état de froideur dans lequel ils se trouvoient, chacun trouva son amour-propre humilié ; on se fit des reproches, & on sortit du cabinet en se querellant. Nous étions encore sous le berceau, & vous pensez, ma chère Agla, combien nous y fûmes examinés par ce couple d’amans glacés.

Je me rendis le lendemain au rendez-vous, mais ce fut en vain que j’y attendis Lisimon ; plusieurs jours se passèrent sans que je pusse apprendre de ses nouvelles. Le tems expiré qu’on garde les filles dans le temple, mon père fut averti de la part des prêtresses, qu’elles avoient appris que Lisimon, qui s’étoit présenté pour m’épouser, étoit disparu, & qu’ayant accepté ce jeune homme pour époux, je ne pouvois plus, suivant les loix établies, espérer d’être jamais admise au rang des prêtresses, ni conséquemment rester plus long-tems au