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de Milord Céton.

de votre part, ou s’il vous en souvient, que ce ne soit que pour vous venger.

Il est aisé, reprit Zelime d’une voix presque éteinte, de donner de pareils conseils, lorsque le cœur n’est affecté d’aucune passion violente ; votre amitié pour moi vous les dicte, & celle que j’ai pour vous, chère Agla, m’engage à ne vous rien cacher de mes peines ; c’est en cette qualité que je vais vous découvrir tous les secrets de mon ame. Je conviens que je serois indigne de votre amitié, si j’avois encore la foiblesse de regretter Volins ; c’est un monstre d’ingratitude, que je déteste depuis long-tems.

Comment, dit Agla d’un ton de surprise, vous n’aimez point Volins ? Vous êtes jeune & belle, & avez tous les talens qu’il faut pour captiver le cœur des plus grands seigneurs de la cour ; d’où peut donc provenir ce désespoir qui m’a fait craindre long-tems pour vos jours, & m’a obligée de vous conseiller de venir vous réfugier dans cette île, afin que la dissipation qui y règne pût contribuer à vous faire oublier un ingrat ? Hélas ! chère Agla, je le hais trop pour pouvoir jamais l’oublier, & je ne puis retracer dans ma mémoire, ni peines, ni plaisirs où il n’ait présidé. Mais c’est trop long-tems vous tenir en suspens ; il faut vous faire