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de Milord Céton.

c’est dans cette île qu’il exerce un pouvoir suprême ; tout fléchit sous ses loix ; tout lui doit obéissance.

Il est également permis aux deux sexes de lier des parties de plaisirs sans craindre aucune critique. La mère qui se souvient des ruses qu’elle employoit dans sa jeunesse, ferme les yeux sur les démarches de sa fille, & la nuit les cache sous l’obscurité de son manteau. Jamais on n’y éprouve les peines de l’amour que dans les commencemens d’une affaire de cœur, où l’incertitude trouble presque toujours la tranquillité de l’ame ; mais on sait que les inquiétudes de cette espèce ont beaucoup plus d’agrément que d’amertume, du moins s’il y en a, elles ne durent pas long-tems dans cette île. On nous a cependant assuré qu’il n’étoit pas sans exemple que des femmes aient poussé la délicatesse & la bienséance, jusqu’à résister pendant trois semaines aux empressemens de leurs amans ; mais ces faits sont contestés par plusieurs savans de l’île, qui soutiennent qu’elles ne l’ont pu faire que par des vues d’arrangemens, c’est-à-dire, pour se mettre en état de conserver deux ou trois amans, sans exciter entr’eux la jalousie.