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de Milord Céton.

n’ont encore pu se fixer sur rien de certain ; mais l’opinion la plus commune, & celle que je crois la meilleure, est qu’en suivant les recherches de leurs philosophes, on apprend que lorsque l’amour alluma pour la première fois son flambeau, il en sortit une si prodigieuse quantité d’étincelles, qui, au lieu de descendre en terre, remontèrent vers le ciel & y furent changées en étoiles : ils assurent que depuis ce tems, aussi-tôt que deux corps sont formés & préparés à recevoir une ame, chacune de ces étoiles se divise en deux parties égales, & que se détachant du ciel en même tems, elles viennent présider sur ces deux corps différens ; mais ces deux parties se partagent très-souvent en des lieux si éloignés les uns des autres, qu’il est très-rare qu’elles se rejoignent.

Voilà, à ce que je pense, une fort bonne raison pour justifier l’inconstance du petit-maître & de la coquette volage, puisqu’il est naturel de chercher ce qui doit faire leur félicité, qu’ils ne peuvent rencontrer que par l’union de cette véritable moitié d’étoile qui peut seule faire leur bonheur. Aussi dans l’île de la galanterie, & même dans tout le monde de Vénus, on ne voit que des gens qui se lient sans plaisir, & se quittent sans regret,