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de Milord Céton.

matérialisant toutes choses, ne font que s’en éloigner sans pouvoir goûter aucun des vrais plaisirs.

Après que ces belles bergères eurent instruit Zachiel de leurs occupations journalières & des soins que les bergers prenoient de répandre l’abondance & la joie dans leur canton, & de faire du travail qui leur procure tout ce qui est nécessaire à la vie, une fête continuelle, elles le quittèrent pour aller sous d’épais ombrages, ou dans des allées sombres, où leurs chiffres gravés sur l’écorce des chênes, se sont accrus avec le tronc. Nous les suivîmes long-tems, Monime s’amusant beaucoup de leurs jeux.

Tantôt sur un tapis de gason la bergère s’endort, confiant à son berger le soin de son troupeau ; quelquefois assises sur le bord d’une fontaine, on les voit s’y mirer dans le crystal des eaux, & orner leur tête de mille petites fleurs qui croissent aux environs. Souvent elles dansent au son des fluttes & des chalumeaux, ou bien aux chansons que les bergers composent, & le soir lorsqu’elles ont mis leurs troupeaux à couvert, elles reviennent encore au clair de la lune fouler l’herbe tendre : c’est à cette heure sans doute que l’amour les favorise ; les soupirs, les sermens renouvellés semblent auto-