ne dissipe l’objet sur lequel se fondent toutes les espérances, comme les nuages inconstans dont on lui trouve l’apparence. Cependant ce point de vue presque imperceptible qu’on apperçoit à l’horizon, commence à prendre de l’étendue ; éclairé par les rayons du soleil, le mélange de l’ombre & de la lumière le fait étinceler d’or & d’azur. Un moment après, les objets qui se rassemblent se présentent alors dans la forme & sous les couleurs qui leur sont naturelles : les plaines s’abaissent devant les côteaux couronnés de nuages ; l’émail des prairies éclate de toutes parts ; la forêt semble se détacher du valon qu’elle favorise de son ombre ; le palmier & le sapin orgueilleux s’élevent sur leur tige, & semblent porter jusqu’au ciel leur chevelure agitée par les vents ; & bientôt le rapport uniforme des sens confirme que l’on touche de près au but où tous les vœux aspirent. Déjà le myrthe & le citronnier fleuris s’annoncent par leurs doux parfums, tandis que l’air mollement ému porte à l’oreille le bruit de la vague qui s’étale, se joue, se replie, & vient en ondoyant mourir entre les petits cailloux & le sable argenté qui bordent le rivage de l’île de la douceur.
Nous n’eûmes aucune peine à y aborder, par le calme & la tranquillité qui régnent sans