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Voyage

suis apperçu que l’étoile qui dominoit sur vous commençoit à y prendre trop d’empire, je me suis hâté de vous en délivrer : au surplus, ce qui est involontaire n’a jamais pu imprimer aucune tache.

Vous me rassurez sur le passé, dit Monime, & vos discours font renaître dans mon ame un calme qui se communique à tous mes sens. Cependant je ne puis rester plus long-tems dans un monde où les exemples y sont si contraires à la vertu ; & pour engager Céton à se joindre à moi, j’ose encore vous assurer que mon cœur est vivement touché en faveur du Prince ; la douleur qu’il ressent de m’avoir perdue me cause un chagrin si sensible que je ne puis l’oublier : faites au moins, mon cher Zachiel, qu’il rencontre quelqu’objet digne d’occuper son cœur ; promettez-le moi pour ma tranquillité.

Je me joignis à Monime, & j’engageai le génie de ne point refuser ses faveurs à un prince qui devoit en être digne, puisqu’il avoit su plaire à Monime ; que loin d’être jaloux des sentimens qu’elle conservoit pour lui, je lui en savois un gré infini ; qu’ils justifioient la bonté de son cœur, & que je les regardois comme une preuve de cette candeur & de cette vérité qui ne l’abandonnoient jamais.