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De Milord Céton

Il faut, mes chers enfans, commencer par vous dégager de la superstition & de la crainte odieuse de la mort, bien éclaircir les idées de vertus & de vices ; tâcher de saisir avec justesse le point qui sépare les hommes vertueux des méchans ; ce n’est qu’en suivant ces principes, qu’on peut goûter une volupté pure qui procure à l’homme deux trésors inestimables, les seuls qu’il doive ambitionner, la sagesse & la santé, parce que la sagesse est à l’ame, ce que la santé est au corps. Vous le sentirez mieux par cette figure.

Représentez-vous la volupté comme une reine magnifique, parée de sa seule beauté ; son trône est d’or, & les vertus, en habits de fêtes, s’empressent à la servir ; ses vertus sont, la prudence, la justice, la force & la tempérance, toutes quatre soigneuses de lui faire leur cour, & de prévenir ses moindres souhaits. La justice l’empêche de faire tort à personne, de crainte qu’on ne lui rende injure pour injure, sans qu’elle puisse s’en plaindre. La force la retient, si, par hasard, quelque douleur vive & soudaine l’obligeoit d’attenter sur elle-même. La prudence veille à son repos & à sa sûreté. La tempérance, enfin, lui défend toutes sortes d’excès, & l’avertit assiduement que la santé est le plus grand de tous les biens ; celui, du