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Voyages

n’ai donc plus de prétention au repos ni au bonheur de la vie. Quels malheureux auspices ont présidé à notre union ? Que la haine de l’astre qui me domine puisse m’ensevelir dans le sein de la terre & me dérober à jamais à ce jour que je déteste ! Pourquoi faut-il que je sois destiné à tant d’horreurs ? Mais, poursuivit-il, je puis m’en affranchir par une prompte mort ; je puis encore unir mon ame à celle de ma princesse, j’emporterai du moins en mourant cette flatteuse idée d’avoir été le seul qui ait eu part à sa tendresse & qu’un même tombeau va nous renfermer tous deux.

Alors ce prince, animé par sa fureur, tire son épée dont il alloit se percer, si un courtisan qui observoit tous ses mouvemens, n’eût été assez prompt pour arrêter son bras : que faites vous, seigneur, lui dit-il, en lui arrachant son épée ? La princesse qui a sans doute prévu votre désespoir, vous ordonne de vivre ; ce sont les dernières paroles qu’elle a prononcées. Ce discours que le vieux courtisan avoit supposé sembla un peu calmer le prince ; mais on eut mille peines à l’arracher d’un lieu qui ne servoit qu’à augmenter sa douleur. Il prétendit que la princesse Taymuras avoit été empoisonnée, jura de se venger des auteurs d’un pareil attentat. Les médecins employèrent