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Voyage

m’empêcher d’admirer la majesté de son port, & les graces qui l’accompagnoient ; on l’auroit prise pour la déesse de la beauté : il est vrai que rien n’embellit plus que la satisfaction intérieure de l’ame. Ses yeux brilloient d’un feu si vif, qu’il étoit presqu’impossible d’en soutenir l’éclat ; son teint étoit animé, & un air riant & galant régnoit dans toute sa personne.

La reine, loin de soupçonner qu’on eût osé enfreindre ses ordres, combla Monime d’éloges les plus délicats, & lui fit beaucoup de caresses. Cette princesse, par cette réception, vouloit sans doute lui faire oublier le ressentiment intérieur qu’elle pouvoit conserver des oppositions qu’elle avoit apportées pour son alliance avec le prince. Quoi qu’il en soit, les louanges dont elle l’honora donnèrent le ton à toutes les personnes qui étoient présentes ; les dames lui firent mille complimens sur ses parures, comme pour faire entendre que ce n’étoit qu’à ces vains ornemens qu’elle devoit une partie de sa beauté ; car elles n’en dirent pas un mot, non plus que de ses graces : mais en récompense les courtisans n’en oublièrent aucune, & jusqu’au moindre sourire obtint d’eux un éloge particulier.

Lorsque la reine eut soupé, sa majesté passa dans son cabinet, où elle étoit attendue par