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de Milord Céton.

Le prince vint l’après-midi chez Monime ; il s’étoit flatté de la trouver seule ; mais elle étoit entourée de ses femmes, qui toutes s’empressoient à la parer avec un soin extrême. À quoi servent ces vains ornemens, lui dit-il ? Votre beauté efface tout ce que l’art a pu inventer, & je ne vois rien dans ces parures qui ne cache quelqu’un de vos attraits. Pétulant s’approchant de l’oreille de Monime, la pria de renvoyer ses femmes, & de passer dans son cabinet. Elle s’en défendit sur divers prétextes ; mais vaincue par l’ardeur du prince, & peut-être par ses propres desirs, elle consentit enfin de l’attendre après minuit dans son appartement, & promit qu’elle auroit soin d’en écarter ses femmes. Le prince, transporté de cette assurance, la quitta sur la fin du jour : la joie & la satisfaction étoient peintes dans ses yeux.

Le trouble qui m’agitoit me fit suivre Pétulant sans aucun dessein. Lorsqu’il fut entré dans son appartement, il ordonna à son premier valet de chambre de lui faire préparer un bain d’eau de bouquet avec force ambre : ses ordres furent promptement exécutés. Je le quittai pour rejoindre Monime, que je rencontrai qui alloit faire sa cour à la reine. Malgré mon trouble & mon agitation, je ne pus