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Voyage

Cependant ce n’est ni l’intérêt, ni le goût des plaisirs, ni celui de la société, ni l’amour qui les lie ; la plupart se voient sans empressement, s’absentent sans marquer le moindre chagrin, & même à peine leur arrive-t-il de se dire un mot de tendresse ; ils se refusent souvent jusqu’aux simples égards de complaisance qu’on a ordinairement pour le moindre étranger ; semblables à des animaux qu’un même instinct attache l’un & l’autre, sans savoir la raison qui les déterminent.

Malgré cette singulière façon de vivre, on entreprendroit inutilement de vouloir les faire renoncer aux liaisons qu’ils ont formées, parce que dans la totalité de leur vie, ils se croient aussi nécessaires l’un à l’autre, que s’ils étoient unis par les liens les plus tendres. Comme ils ne sont point assez délicats pour connoître le véritable amour, aussi ne sont-ils pas dignes d’en ressentir toutes les délices, ni cette volupté pure qui fait le charme des vrais amans.

Les huit jours expirés, je suppliai Zachiel de me donner la liberté de suivre Monime au temple. Le génie m’y conduisit lui-même, en m’assurant que cette épreuve seroit la dernière. J’eus besoin de m’armer de nouvelles forces, lorsque je vis paroître Monime. L’incarnat de son teint effaçoit les plus vives couleurs de