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Voyage

de votre projet vous a-t-il déjà fait oublier votre impuissance ? & ne craignez-vous pas de vous donner à mes yeux de nouveaux ridicules ? Convenez du moins de votre foiblesse après cette disparate, & que Momine fait voir encore beaucoup plus de force que vous n’en montrez ; sa vertu se soutient sans mon secours. Quelle eût donc été votre conduite, si, comme elle, je vous avois laissé livré à vous même ? Vous auriez sans doute couru après le premier objet qui se seroit présenté à vos yeux.

Les réflexions du génie me firent rougir en moi-même ; rien ne s’offrit à mon esprit qui pût me justifier. Connoissez vous, poursuivit-il, la personne qui vient de vous charmer ? C’est une femme du bon ton, femme à la mode, & courue de tous les petits-maîtres ; femme qui réunit dans son caractère mille qualités contraires : vive jusqu’à la légèreté, quelquefois même jusqu’à l’emportement ; coquette jusqu’à l’excès, son esprit n’est pas fait pour languir dans une indolente indifférence, & la source du feu que vous voyez briller dans ses yeux anime toutes ses actions : possédée du desir de plaire, elle ne fait consister sa gloire que dans la multitude de ses conquêtes, dût-elle les acheter par des foiblesses, lorsqu’elle ne voit que ce moyen pour arrêter un amant ou