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de Milord Céton.

tiger autour d’elle, en tâchant de lui dérober quelques faveurs ; quoiqu’il fît pour me rappeller, je fus long-tems sans vouloir la quitter.

Je vous admire, dit Zachiel ; quoi, dans le même instant que vous vous plaignez amèrement de Monime, & croyez être en droit de condamner son inconstance, lorsqu’elle est forcée de vous méconnoître, puisqu’elle ne conserve aucune idée d’avoir jamais été mouche, qu’elle a même oublié tout ce qui lui est arrivé pendant le cours de sa vie, & que par conséquent elle ne peut se reprocher d’être infidelle ! Mais vous, Céton, qui ne devez point avoir perdu la mémoire des tendres sentimens qu’elle vous a fait connoître, & qui devriez toujours en conserver la plus vive reconnoissance, de quel droit pouvez-vous exiger que Monime renonce à sa fortune ? Les sentimens qu’on a pour un frère, diffèrent entièrement de ceux qu’on ressent pour un amant. Si je n’attribuois votre extravagante façon de penser à la malignité des influences qui dominent sur ce monde, je vous en aurois déjà puni. Cependant malgré la violente amitié qui vous porte sans cesse vers Monime, cette ardeur n’empêche pas que vous ne cherchiez à plaire à un autre objet, sans réfléchir que vous vous rendez coupable d’ingratitude. L’extravagance