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de Milord Céton.

conquête, sans pouvoir s’y fixer, ni cesser de regretter de n’avoir pas connu Lisis avant qu’elle se fût attachée à Albion. Cette gloire n’étoit réservée qu’à Monime ; la ressemblance qu’il rencontra dans son caractère l’auroit enchaîné pour toujours, si le destin ne s’opposoit à son bonheur. Il est malheureux pour ce prince de ne s’attacher véritablement qu’à des personnes dont la destinée n’est pas de le rendre heureux ; ainsi, mon cher Céton, vous devez cesser d’exercer sur lui votre injuste jalousie ; je ne vous ai raconté cette histoire que pour vous engager à le plaindre, & à modérer une passion qui paroît assujettir tous les mouvemens de votre ame. Je conviens, ajouta Zachiel, qu’un cœur fortement attaché à un objet plein de charmes, ne peut voir sans colère ce qu’il aime, favoriser un autre ; mais si le dépit l’excite, bientôt l’amitié l’appaise ; & lorsqu’il croit haïr, il ne fait qu’aimer davantage. Si vous vous rendez à mes conseils, vos tourmens seront bientôt changés en plaisirs, & je vous assure que, quoiqu’il puisse arriver, Monime ne sera jamais à personne sans votre consentement. Vous ne devez pas non plus vous alarmer des tendres sentimens qu’elle a conçus pour le prince, ils sont involontaires ; l’influence de cette planète agit seule sur son cœur ;