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Voyages

son pardon. Cette assurance fit renaître le calme dans le cœur de notre amant ; il courut chez Caliste, pour lui dire qu’il consentoit de se soumettre à toutes les épreuves qu’on voudroit exiger de lui. Lisis, contente de sa soumission, permit enfin qu’il parût devant elle.

Lorsqu’Albion entra dans la chambre de Lisis, il s’avança d’un air abattu, en portant douloureusement sur elle des regards pleins de langueur : mais rencontrant ses yeux, où l’amour paroissoit vivement exprimé, il s’arrête ; une joie subite, tendre & naïve anime les siens, colore son visage ; & enflammé du desir de se convaincre de son bonheur, il la regarde plus fixement. Achevez de vous rassurer, dit Lisis, d’une voix que l’émotion rendoit encore plus foible, venez lire dans mes yeux le pardon qu’ils vous annoncent. Albion, transporté hors de lui-même, se jetta à ses genoux, trop pénétré de desir pour pouvoir parler, il ne s’exprima d’abord que par la vive ardeur dont il les tenoit embrassés. Cette expression passa dans l’ame de Lisis ; elle fit relever son amant, & oubliant alors toutes ses injustices, elle lui parla avec beaucoup de tendresse ; la paix entre ces deux amans fut enfin cimentée par leur mariage.

Pétulant a long-tems couru de conquête en