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de Milord Céton.

n’appercevant rien qui pût dénoter aucune intelligence de la part du prince avec Lisis, commença à réfléchir sur sa conduite : un peu mieux d’accord avec lui-même, il convint qu’il pourroit bien s’être trompé sur les conjectures qu’il avoit tirées des fréquentes visites de Pétulant. Ces réflexions le mirent dans le dernier désespoir : il se rappella toutes les injures qu’il avoit faites à Lilis, qu’il se promit de réparer par tout ce qui seroit en son pouvoir. Mais où la prendre cette Lisis qui lui étoit si chère, & que néanmoins il avoit insultée, au point de la forcer à renoncer à tous les dons qu’il lui avoit faits ? Il lui vint alors dans l’esprit qu’elle pourroit bien s’être retirée dans son ancienne demeure : il y courut avec un trouble & une agitation difficile à décrire ; il demande à parler à Lisis ; on lui dit simplement qu’elle n’est pas visible : l’après-midi il se présente ; on lui fait la même réponse, & pendant plusieurs jours il n’en put obtenir d’autre.

Albion, sans se rebuter d’un procédé qu’il avoit si bien mérité, continua ses visites ; enfin, à force d’importunité, on le fit entrer un jour dans une salle où il trouva Caliste d’un air fort triste : c’est en vain, lui dit-elle, que vous vous obstinez à vouloir parler à Lisis, elle est trop irritée contre vous, pour que