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Voyages

d’Albion ; il parcourut vingt fois toutes les chambres, les cabinets, les boudoirs & les garde-robes, rien ne s’offrit à sa vue que le portrait de Lili, qu’il avoit lui-même fait tirer de plusieurs façons différentes. Ne pouvant d’abord comprendre quel parti elle avoit pu prendre, comme les amans se plaisent d’ordinaire à faire naître des monstres pour avoir ensuite la gloire de les combattre, notre amant furieux se mit dans la tête qu’elle étoit partie avec le prince pour quelqu’une de ses maisons de plaisance ; cette idée le détermina à s’attacher sur les pas du prince, il le suivit donc comme son ombre.

Pétulant, qui ignoroit tous les désordres qu’il avoit causés, se présenta plusieurs fois chez Lisis : d’abord on lui dit qu’elle étoit sortie ; un autre jour, qu’elle étoit en campagne. Les domestiques ne pouvant lui dire dans quel lieu elle étoit, il ne crut pouvoir mieux s’adresser pour l’apprendre qu’à Albion ; celui-ci, surpris de la question, ne put y répondre, puisqu’il l’ignoroit lui-même ; mais loin qu’elle l’éclairât sur ses injustes soupçons, il ne regarda cette question que comme une ruse de la part de Pétulant ; c’est pourquoi il redoubla son assiduité à le suivre.

Cependant au bout d’un certain tems, Albion