Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/379

Cette page a été validée par deux contributeurs.
353
de Milord Céton.

cœur pénétré de la plus vive douleur des injustes procédés de son amant, elle n’en put soutenir le poids ; dès la nuit même elle fut attaquée d’une grosse fièvre, qui pensa la conduire au tombeau.

Dès qu’il fut jour, Albion, qui n’avoit seulement pas songé à se mettre au lit, & à qui les heures avoient paru des journées, par l’envie qu’il avoit de reprocher encore à Lisis une infinité de choses qu’il croyoit avoir oubliées, & dont il ne vouloit pas lui faire grace d’un mot, se rendit chez elle dans le dessein de l’accabler de nouvelles injures. Les domestiques de Lisis, qui ignoroient qu’elle eût quitté sa maison, lui dirent qu’il n’étoit pas jour ; il fallut, malgré son air d’autorité, qu’il prît patience, jusqu’à ce qu’il plût à sa maîtresse de sonner pour annoncer son réveil ; mais l’heure ordinaire étant plus que passée, chacun d’eux commença à être inquiet. Albion, qui sentoit augmenter son trouble, les pressa d’entrer dans l’appartement de Lisis : elle s’est peut-être trouvée mal, leur dit-il. Déjà sa colère s’appaisoit, son amour alloit reprendre de nouvelles forces, lorsqu’en ouvrant lui-même la première porte de son appartement, il fut très-surpris de trouver toutes les autres ouvertes.

On peut aisément se peindre le désespoir