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Voyages

Lisis, désespérée d’être accusée aussi injustement, lui dit avec beaucoup d’aigreur qu’il étoit le maître de reprendre son cœur & de le donner à qui il voudroit ; mais vous ne devez pas, ajouta Lisis, noircir par des calomnies celui que je vous avois donné, & que je suis en droit de retirer, puisque vous vous en êtes rendu indigne par des soupçons aussi injurieux, Vous deviez prendre un autre prétexte pour devenir infidèle, que celui de m’accuser de l’être. Quand vous ne m’auriez pas appris qu’il y a déja long-tems que vous avez commencé à dégager votre cœur, je ne suis pas assez dépourvue de jugement pour ne m’être point apperçue à votre humeur sombre & contrariante, que votre amour étoit entièrement éteinte ; il n’étoit donc pas nécessaire de m’insulter sur le peu de mérite que je puis avoir. Je ne fais nul doute que la personne que vous avez choisie ne soit parfaite ; mais quelque précaution que vous puissiez prendre, je crois néanmoins qu’il vous sera assez difficile de faire le choix d’une qui vous soit aussi fidelle : voilà, à mon tour, ce que je suis bien-aise de vous apprendre, bien moins pour vous désabuser que pour me satisfaire. Ne soyez pas assez vain pour vous imaginer que la crainte de vous perdre me fasse parler ainsi : soyez persuadé, au contraire, que