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Voyages

nassent de l’inquiétude à son amant, assura Pétulant, avec autant de noblesse que de générosité, que comme ce n’avoit jamais été ni l’éclat des grandeurs, ni l’appât des richesses qui l’avoient déterminée dans le choix qu’elle avoit fait d’Albion, mais uniquement le penchant de son cœur, elle se croyoit obligée de le supplier de cesser ses poursuites, puisque rien au monde ne seroit capable de la faire changer, persuadée que son amant auroit toujours les mêmes égards. Pétulant désespéré qu’une seule femme osât lui résister, lui qui n’avoit point encore trouvé de cruelles, redoubla ses efforts & employa toutes les voies imaginables pour toucher le cœur de Lisis.

Le véritable amour est presque toujours accompagné de jalousie ; les assiduités du prince inquiétèrent Albion : n’osant d’abord les faire connoître, il commença par bouder & mettre de l’humeur dans tout ce qu’il disoit ; mais ce qui le mit au désespoir, ce fut un bal que Pétulant donna à Lisis, où elle ne put se dispenser d’assister : il s’imagina qu’éblouie par le rang & les grandeurs, elle s’étoit enfin rendue aux poursuites du prince. Albion, troublé par la jalousie, vint le lendemain ; son agitation se manifestoit dans toutes ses actions, il se jetta dans un fauteuil sans rien dire. Qu’avez-vous,