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de Milord Ceton.

renoncer à vous voir ; & si vous exigez, pour prix de vos bienfaits, des reconnoissances indignes, vous pouvez dès ce jour les reprendre.

Ces paroles firent trembler Albion ; il promit de se conformer à ses volontés : l’envie qu’il avoit de fixer le cœur de Lisis & de se l’attacher pour jamais, fit insensiblement disparoître ses défauts ; l’amour les purifia tous. Il est vrai que Lisis employa aussi toutes sortes de moyens pour perfectionner son amant, & ce ne fut que par sa douceur, ses attentions & sa complaisance, qu’elle parvint enfin à lui faire renoncer à cet excès d’amour-propre, de fatuité & d’entêtement, qui enveloppoit toutes ses bonnes actions. C’est aux soins de cette aimable personne qu’il doit l’estime & l’admiration qu’on a aujourd’hui pour lui. Toute la cour voit avec plaisir une union qui, sans doute, durera autant qu’eux.

Quelques mois avant que Monime parût à la cour, le prince Pétulant, qui avoit entendu parler de Lisis comme d’un prodige d’esprit, de graces & de beauté, & qui réunissoit tous les talens imaginables, crut d’abord qu’il n’auroit qu’à paroître pour s’en faire aimer. Il lui rendit des soins assidus ; mais Lisis, dont l’esprit est toujours ferme & confiant, craignant que les fréquentes visites du prince ne don-