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de Milord Céton.

Albion continua ses visites, malgré les oppositions que Lisis employa pour en arrêter le cours. Il mit en œuvre tout ce que son imagination put lui dicter pour la séduire ; riches présens, billets tendres : tout fut envoyé, rien ne fut reçu. Cependant Lisis l’aimoit ; l’amour l’avoit sans doute frappée des mêmes traits ; mais elle craignoit son inconstance.

Un jour Albion présenta à Lisis un écrain rempli de diamans qu’elle refusa ; il en fut pénétré ; pourquoi, lui dit-il, vous obstiner à refuser des hommages qu’on doit à votre beauté ? Je sais que vous n’avez pas besoin d’ornemens pour vous faire briller. Que craignez-vous de moi ? Soyez certaine que les bienfaits que l’on reçoit de la part d’un ami ne sauroient jamais humilier. Il y a trop de disproportion de vous à moi, dit Lisis, pour que j’ose prendre cette qualité. Ah ! vous me désespérez, dit Albion ; l’amour n’égale-t-il pas tout ce qu’il soumet à son pouvoir ? Mais on me hait, & l’on m’envie jusqu’au bonheur de protéger le mérite, & de tendre aux malheureux une main bienfaisante. Je conviens que si la fortune vous avoit été aussi favorable, que la nature vous a été prodigue, ce seroit vous avilir que de recevoir des présens ; mais lorsque je vous vois, plongée dans la plus cruelle indigence, refuser