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de Milord Céton.

jusqu’alors Lisis n’avoit connu ni l’amour ni ses traits.

Ce fut dans une promenade qu’Albion la vit pour la première fois. La richesse de sa taille, les graces de sa figure, jointes à un air vif & modeste, le charmèrent d’abord : on diroit qu’il n’appartient qu’à Lisis d’imprimer ce riant du plaisir, & ce tendre du sentiment, que la régularité des traits exclut presque toujours d’un beau visage. Albion, frappé du premier coup d’œil, ne put s’empêcher d’admirer cette jeune personne ; un charme secret l’entraînoit vers elle, & lorsqu’elle sortit, il la fit suivre pour apprendre sa demeure. La simplicité de son ajustement lui faisoit déjà regarder Lisis comme une conquête facile à enlever, ne présumant pas qu’une simple bourgeoise osât lui résister. Impatient de revoir la belle, Albion lui rendit dès le lendemain une visite ; mais Lisis, surprise de l’honneur qu’elle recevoit, parut d’abord un peu troublée ; son front se couvrit d’une rougeur que la modestie faisoit naître, & les loix que la nature grave dans un cœur innocent l’obligérent de baisser les yeux. Rassurez-vous, lui dit son amant, car il l’étoit devenu du premier de ses regards, ne rougissez point de votre situation, l’indigence ne fait rien perdre au mérite ; je viens mettre à vos