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Voyages

Nous sortîmes du temple pour rentrer dans les jardins, où une foule d’Idaliennes se promenoient. Le génie entra dans une allée sombre ; les arbres qui la composoient étoient garnis de petites fleurs gris-de-lin d’une odeur très-agréable. Curieux de savoir le nom & la propriété de ces arbres, je le demandai à Zachiel : c’est l’arbre de l’amour, me dit-il, qui ne peut croître dans aucun autre endroit du monde ; il ne fleurit que la nuit ou dans des lieux sombres ; il provoque à la tendresse ceux qui le touchent, & renferme toutes ses fleurs au lever du soleil, c’est pourquoi il est exposé au couchant.

Nous passâmes ensuite sous un berceau de myrthe, cet arbre est consacré à l’amour. Ce berceau à demi couvert étoit rempli de petits-maîtres & de petites-maîtresses : j’en remarquai une qui portoit dans son action & dans ses regards des signes certains de la disposition de son cœur ; sa beauté, ses graces, & un air de vivacité me firent naître la curiosité d’apprendre qui elle étoit : c’est me dit le génie, la belle Aramire, qui a possédé long-tems la tendresse du prince Pétulant. Cette femme a sacrifié à son ambition l’amour d’un homme qui s’y étoit uniquement attaché ; la gloire d’être choisie & préférée entre toutes ses compagnes, celle de