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de Milord Céton.

petits-maîtres, qui venoient demander d’être préférés à leurs rivaux. Les uns prioient l’amour de leur faire faire la connoissance de quelque vieille douairière qui fut très-riche, les fît dépositaires de tous ses trésors, afin d’avoir la liberté d’en faire part à leurs maîtresses. D’autres vieux barbons pleins d’amour propre, & toujours prévenus en leur faveur, poudrés, pouponnés, apprêtés comme des femmes & parfumés de la tête aux pieds, demandoient à l’amour la grace de fixer de jeunes filles sans qu’il leur en coûtât rien, & que leur union ne fût jamais troublée par la crainte ni par la jalousie.

Nous visitâmes aussi des chapelles particulières où l’on conserve les offrandes qui ont été envoyées pour acquitter les vœux qu’on a faits à l’amour. On en voit une multitude de la part des belles & de celles de leurs amans ; l’un pour des faveurs secrètes qu’il a reçues, l’autre pour un mariage qui a établi sa fortune ; celle-ci pour avoir enlevé un amant sa compagne ; une autre, pour s’être conservé jusqu’à soixante ans avec les graces & les plaisirs, dans une agréable fraîcheur, sans aucun secours de l’art. Je passe bien d’autres vœux qu’un esprit pénétrant devinera aisément.