Une autre, poussée par la jalousie, s’avança pour prier le dieu de punir son amant des soins qu’il rendoit à sa rivale ; le traître me punit de lui avoir montré trop de complaisance. Ah ! divin amour, par quelle loi barbare as-tu permis qu’on ne puisse aimer trop sans se voir aimer moins ? Une femme se plaignit de la jalousie de son mari, & pria l’amour de lui inspirer de nouvelles ruses pour le tromper & lui voler son argent, afin d’en faire part à son amant. Une veuve enveloppée de crêpe entra d’un air vif & joyeux, pour demander à ce dieu la grace de bien profiter du tems de son deuil, sans que cela puisse l’empêcher de passer à de secondes noces.
Une béate suivit d’un air modeste pour implorer l’amour, afin qu’il ranimât les feux d’un Flamine qui depuis long-tems la dirigeoit. Fais, disoit-elle à ce dieu, que je sois toujours belle, ou endort le dragon qui défend d’approcher de la fontaine qui rajeunit, afin que j’en puisse puiser dans sa source, & que par ce moyen j’aie toujours la préférence sur mes compagnes : fais aussi que ma rivale qui a entrepris de me disputer le cœur de mon amant, devienne hideuse, qu’elle paroisse un monstre à ses yeux, comme elle en est déja un aux miens.
Je vis paroître ensuite quantité de jeunes