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de Milord Céton.

Zachiel me fit relire cette dernière maxime ; en me disant de la bien imprimer dans mon esprit, si je voulois mériter d’être protégé par ce dieu. Je ne lui répondis que par un soupir.

Le temple se remplit bientôt d’une foule de monde qui venoit invoquer l’amour, & le prier de leur être favorable. Zachiel me fit remarquer deux jeunes filles, dont les vœux étoient bien différens : l’une se plaignoit que son amant étoit trop entreprenant ; elle demandoit à l’amour qu’il rallentît ses desirs, afin de les rendre plus durables ; l’autre accusoit le sien d’un défaut contraire. Hélas ! disoit-elle avec ferveur, pourquoi, puissant dieu, as-tu permis que je me sois attachée à un homme si timide & si indifférent ? Que ne puis-je me mettre sur l’offensive, je lui ferois connoître mes desirs ; l’ingrat ne répond à aucune de mes avances : amour ! fais qu’il devienne plus entreprenant, ou débarrasse-moi du feu qui me dévore. Je ne suis contente ni de lui ni de moi. Je voudrois ne l’avoir jamais vu ; je voudrois le voir toujours ; je le crains ; je l’aime ; je le hais, & ne sai lequel de ses mouvemens me seroit le plus doux : dieu tout-puissant ! ôte-moi donc jusqu’à l’idée du plaisir que je me suis formée de le rendre sensible.