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De Milord Céton

on maître de ses mouvemens ? Pourquoi voulez-vous exiger de moi des choses au-dessus des forces de mon sexe ? Je ne puis plus soutenir l’idée que je me forme de vivre avec des génies : je préférerois plutôt le malheur d’être renfermée dans la tour de Londres à tous les biens qu’ils pourroient me faire. Qu’avez-vous à craindre de ces génies, repris-je ? Est-il possible que les lumières que vous avez acquises ne puissent encore servir à vous faire surmonter de vains préjugés ? Me croyez-vous capable d’exposer des jours qui me sont si précieux ? Non, Monime, soyez certaine que je les défendrai plutôt au péril de ma vie.

Pendant ce discours, Monime tremblante & éperdue, ne s’étoit point apperçue que le cheval, redoublant sa course, nous avoit conduits jusqu’à l’entrée du perron. Le génie s’avançant pour la recevoir, venez, charmante Monime, lui dit-il, en lui présentant la main afin de la rassurer : vous jouirez ici de cette paix & de cette tranquillité qui doit être le partage des ames pures.

Seigneur, dit Monime d’une voix tremblante, mon frère m’a instruite des bontés dont vous voulez bien nous honorer : je sais que ce n’est qu’aux soins du premier de notre race que nous devons des faveurs si peu méritées. Il