Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/359

Cette page a été validée par deux contributeurs.
333
de Milord Ceton.

seconde l’étoit par une nymphe d’une taille avantageuse & bien proportionnée : je fus frappé de son éclat ; la blancheur de son teint effaçoit celui de la neige ; je ne pus m’empêcher de soupirer, la trouvant si semblable à Monime, que je la pris d’abord pour elle. Le génie me dit qu’elle se nommoit la beauté ; elle le salua en passant avec un sourire gracieux.

Parvenus dans l’intérieur du temple, je fus surpris de voir suspendu au milieu de cet édifice, à douze pieds de hauteur, un vaisseau dans lequel on voyoit un Amour qui tenoit le gouvernail. Ce vaisseau, dit le génie, représente le cœur de l’homme ; les voiles qui semblent l’agiter sont les désirs, & les vents qui les enflent sont l’espérance ; les tempêtes qu’il essuie sont causées par les inquiétudes & la jalousie ; l’Amour qui le gouverne en est le pilote ; c’est lui qui commande dans le vaisseau afin de le faire arriver au port, qui est la jouissance de tous les plaisirs qu’il propose. Cette lanterne que vous voyez au haut du grand mât renferme son flambeau pour éclairer ses favoris, & les avertir de profiter des biens qu’il leur prépare. À la pointe du vaisseau étoient écrites ces maximes :

I. Nul ne peut participer à mes faveurs sans aimer. Le premier des plaisirs est d’aimer, & d’être payé d’un tendre retour.