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de Milord Céton.

peine, lorsque je vis paroître une grande femme vêtue d’une manière bisarre : une couronne de myrthe ornoit sa tête, & sur son habit étoient représentées les différentes passions qui agitent les hommes ; son air étoit imposant, sa démarche fière & son regard menaçant ; elle se plaça sur le trône, & trois femmes qui l’accompagnoient se mirent à ses pieds.

Quelle est cette princesse, demandai-je à Zachiel ? Je ne puis croire que ce soit la mère de l’Amour, & les trois personnes qui la suivent ne ressemblent nullement à l’idée que je me suis formée des graces. Vous avez raison, dit le génie, celle que vous voyez sur le trône se nomme la passion ; les suivantes sont la folie, la méfiance & la jalousie. On voit rarement paroître la passion sans les trois femmes qui l’accompagnent.

Cette souveraine, s’adressant à toute l’assemblée, leur apprit les avantages que ses troupes venoient de remporter sur l’empire de la raison. Vous n’ignorez pas, leur dit-elle, que cette princesse n’a jamais cessé de me faire la guerre, en traitant toujours mes fidèles sujets comme ses plus cruels ennemis. L’inimitié qui règne entre nous depuis si long-tems, loin de vous rebuter, doit au contraire vous encourager à soutenir la gloire de mon empire. Je