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Voyages

de retraites aux voyageurs dans les tems orageux. Toutes ces routes sont très sûres, par la sauvegarde que l’Amour a obtenue de Mars à la recommandation de Venus : on dit même que les animaux n’osent se faire la guerre, & qu’on n’y craint d’autres pièges que ceux que l’Amour y fait tendre.

Nous fûmes arrêtés au bas de cette vallée par un torrent d’inquiétudes qui se précipite à grand bruit du haut d’une montagne, pour venir se perdre dans une mer de délire qui, coulant à grands flots, entraîne avec elle plusieurs plantes qui croissent sur les bords de ses rives. C’est-là que l’on voit les nymphes & les syrènes se jouer & folâtrer sans cesse avec les naïades. Les ports sont couverts d’une infinité de jolies barques dorées, festonnées & magnifiquement ornées. Une multitude de jeux & de ris voltigent sans cesse autour, & des milliers de petits amours vous engagent, par leur badinage, à venir y prendre place ; mais ce n’est néanmoins que les personnes qui paroissent dans l’opulence qui y sont reçues au son des instrumens les plus mélodieux : pour les autres, ils se font conduire sans bruit sur des bateaux plats, au risque d’être submergés par les vagues.

Surpris de voir la prodigieuse quantité de personnes de l’un & l’autre sexe aborder de