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Voyages

mais aimé qu’elle ; Monime paroissoit répondre à ma tendresse : j’ai tout perdu ; je ne puis à présent écouter que ma douleur ; la raison ne peut plus rien sur mon esprit. Pourquoi m’exposer à de si cruelles épreuves ? Je devrois, reprit le génie, pour vous punir de votre incrédulité, livrer Monime aux désirs du prince. Ces paroles me firent frémir. Ah ! mon cher Zachiel, pardonnez ma foiblesse, ou ôtez-moi la vie, je ne puis la passer sans Monime. Rassurez-vous ; dit le génie, je veux bien encore me prêter à calmer vos égaremens, parce que je suis convaincu que le cœur des hommes est susceptible de toutes sortes d’impressions, leur force ou leur vertu dépend presque toujours de la manière dont on leur présente les objets : votre raison égarée vient de céder la place à une passion violente ; mais après un retour sur vous-même, cette raison que vous venez de sacrifier à l’injuste jalousie, doit reprendre toute sa force. Si les lumières de votre esprit n’ont pu vous défendre contre ces désordres, du moins faut-il les regarder comme des ressources dont je dois espérer le ralentissement des passions tumultueuses qui vous ont agité jusqu’à présent. Pour achever de dissiper vos ennuis, je vais vous porter dans le temple de l’amour.