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de Milord Ceton.

soumission qu’il devoit aux ordres de la reine ; le danger auquel elle seroit exposée, si cette princesse venoit à découvrir leur union ; la honte d’être peut-être renvoyée, en rendant de nulle valeur un mariage contraire aux loix de la nation, & enfin la douleur de le perdre pour jamais : elle ajouta encore quelques autres difficultés, c’est-à-dire, de celles qui ne servent qu’à nourrir & augmenter la passion. Le prince, dont l’ardeur étoit extrême, les éluda toutes par des raisons apparentes : rassurez-vous, charmante Taymuras, ajouta Pétulant ; content de mon rang, mon ambition se borne au seul desir de vous plaire ; convenez du moins que la nature a fait aux hommes des plaisirs simples, aisés & tranquilles ; ce n’est qu’à leur imagination déréglée qu’ils doivent ceux qui sont embarrassans, incertains & difficiles à acquérir. Vous voyez que la nature est bien plus habile que nous, c’est pourquoi nous devons nous reposer sur elle du soin de notre bonheur ; c’est cette bonne mère qui a introduit l’amour qui doit faire toutes nos délices ; sans lui le fade assoupissement d’une froide indifférence tiendroit toute la nature dans une espèce d’engourdissement universel, contraire au bonheur des humains. Laissons jouir à ces hommes vains de cette ambition