Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/347

Cette page a été validée par deux contributeurs.
321
de Milord Céton.

prince, vous ne devez pas redouter la proposition que j’ose vous faire : le ciel qui vous protege, doit vous être garant de ma bonne foi & de la pureté de mes desseins ; vous devez les reconnoître à des sentimens que vous-même avez pris soin d’épurer. Vous ne répondez point, dit le prince attendri ; se peut-il que l’amour ne vous dicte rien en ma faveur ?

Il est vrai, dit Monime d’un ton très-sérieux, que j’ai tout lieu d’être étonnée du refus de la reine ; j’avoue même que je n’ai pas dû m’y attendre ; mais, malgré ses refus qui doivent nous séparer pour toujours, soyez persuadé, cher prince, que le souvenir de votre tendresse, & celui de votre générosité, ne pourront jamais s’effacer de mon cœur, & qu’il n’y a que ma reconnoissance qui les puisse égaler. Hélas, reprit Pétulant, que vous lisez mal dans mon ame ! Est-ce donc de la reconnoissance que je vous demande ? Ah ! vous savez trop bien que c’est un tribut qui n’est pas fait pour vous, puisque la nature ne vous a créée si parfaite que pour accorder des faveurs. Le prince, en s’exprimant ainsi, regardoit Monime d’un air si tendre & si sincère, ses regards peignoient si bien ses craintes & la pureté de ses sentimens, que Monime, qui n’étoit retenue que par l’idée qu’elle se formoit