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Voyage

s’unir à la princesse de Taymuras, ne diminueroit jamais rien de l’estime qu’elle avoit conçue pour sa personne ; qu’elle auroit toujours pour elle tous les égards qu’on devoit à son rang, & ceux encore qu’on ne pouvoit refuser aux éminentes qualités dont elle étoit douée. Cet éloge que la reine donna à la princesse, adoucit un peu la douleur que Pétulant ressentit d’un refus si absolu, & en habile courtisan, il eut l’adresse de dissimuler son chagrin. Il feignit de goûter les raisons de la reine, & l’assura qu’il ne lui en parleroit plus.

Le prince, pour ne point donner de soupçons à la cour, crut qu’il étoit de la politique de feindre d’aller passer son chagrin dans une de ses maisons ; il partit dans l’instant sans voir Taymuras, ce qui donna lieu à une infinité de discours que tinrent les femmes intéressées à la conquête de ce prince ; plusieurs courtisans le suivirent ; mais il eut le secret de s’en débarrasser, & de ne conserver auprès de sa personne que ses favoris les plus familiers, à qui il fit part de son chagrin & de la résolution qu’il avoit prise de se rendre le soir même auprès de l’objet de son amour.

On sait qu’il n’est guères de favoris qui osent résister aux volontés d’un prince ; ceux-ci applaudirent comme de raison ; ils se chargèrent