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de Milord Céton.

les femmes en avoient de pareilles ; avoit-elle imaginé un terme nouveau, d’abord on l’employoit à tout propos ; en un mot, c’étoit Monime qui donnoit le ton à toutes les femmes de la cour ; elles ne pouvoient s’empêcher de mettre tout en usage pour tâcher de l’imiter, se persuadant par-là d’acquérir autant de grace qu’elle en avoit.

Quoique Monime parût partager la tendresse que le prince avoit pour elle, il n’en étoit pas plus avancé, parce qu’elle évitoit avec un soin extrême toutes les occasions de se trouver seule avec lui : sans doute qu’elle rougissoit peut-être en elle-même du péril qu’elle avoit couru en écoutant trop un penchant qui sembloit l’entraîner malgré elle, & auquel il lui étoit difficile de résister.

Enfin, las d’être sans cesse le témoin de leur amour mutuel, je fus trouver Zachiel : c’est ici mon tombeau, lui dis-je, si vous ne mettez fin aux cruels tourmens que j’endure, en me rendant ma Monime. Comment, dit le génie, n’est-elle pas sans cesse présente à vos yeux ? Oui, repris-je ; mais ce n’est que pour me désespérer, puisque je la vois à tous les instans prête à céder aux empressemens du prince Pétulant, qui met tout en œuvre pour la séduire. Ne craignez rien, dit Zachiel ; je conviens que