Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
Voyages

Quelque affligeant que fût pour moi le discours de Monime, je sentis néanmoins une secrete satisfaction, puisque ce récit me confirmoit que ce qui s’était passé au vieux château n’étoit point une illusion ; que le vieillard & le génie n’étoient pas non plus des personnages supposés ; que leurs avis n’étoient que trop fondés ; & qu’enfin je pouvois me confier à l’amitié dont ils venoient de me donner des marques.

Je pressai Monime de partir à l’instant ; le même cheval qui m’avoit ramené pouvoit nous y conduire : mais ce ne fut qu’avec des peines infinies que je parvins à l’y résoudre : mille difficultés qu’il me fallut combattre, nous conduisirent jusqu’à la nuit. Enfin ne trouvant plus d’autres retranchemens que dans le soin de tromper la vigilance de ses femmes & celle de Simon, je saisis cette occasion, & lui proposai de déguiser son sexe, en prenant un de mes habits. Elle ne put se refuser à cet expédient, & nous partîmes à l’entrée de la nuit.

Lorsque Monime se vit proche du château, elle se sentit saisie d’une si grande frayeur, qu’elle me pria de ne la point forcer de passer outre. Je n’ignore pas, mon cher Céton, qu’avec vous je ne dois rien craindre ; mais est-