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Voyage

& abbattu la toucha. Pétulant se précipita à ses genoux ; il les tint long-tems embrassés, sans pouvoir s’exprimer que par des regards où la passion étoit peinte. Il n’eut pas de peine à obtenir son pardon ; Monime oubliant sa colère le fit relever, & lui montra la satisfaction qu’elle ressentoit des marques de sa soumission & de son repentir. Je ne rapporterai point leur entretien qui fut très-long ; il finit par de nouveaux témoignages d’amitié de la part de Monime, & de celle du prince par de nouvelles assurances de la plus vive tendresse.

Momime parvint enfin à faire comprendre à son amant, qu’il est des plaisirs que l’ame peut goûter, qui, quoique détachés de ceux des sens, n’en sont pas moins vifs. Quelle douceur, cher prince, lui dit-elle un jour, d’être tout entier à ce qu’on aime, de se faire un devoir de son amour, un mérite de ses soins, de jouir tranquillement du plus délicieux état de la vie, & de joindre le charme de l’union des cœurs à celui de l’innocence ? Les plaisirs ne sont-ils pas bien plus parfaits, lorsque l’amour ne s’introduit que par l’estime, du moins s’il disparoît, ce n’est que pour céder sa place à l’amitié la plus tendre. Est-il de plaisir plus touchant que celui d’aimer ce qu’on respecte, & d’en être chéri sans partage ? & doit-on