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Voyages

Comment un prince pourroit-il se flatter d’en être aimé, lors même qu’il ne cherche que l’amusement ? Leur facilité rebute & dégoûte ; leur vivacité inquiette ; leur intérêt & leur inconstance les rend méprisables : mais on est sûr qu’une ame comme celle de ma princesse ne se rend que par le choix de son cœur. Serois-je assez heureux pour avoir su toucher le vôtre ?

Ce discours du prince Pétulant fut accompagné des plus vifs transports. L’occasion devenoit pressante, & je crus voir dans les yeux de Monime qu’elle partageoit les desirs du Prince : il est tems, lui dit-elle, de vous faire connoître mes véritables sentimens : oui, cher prince, je vous aime ; j’ai senti en vous voyant que le véritable amour lie les cœurs par une sympathie délicieuse. N’abusez point de l’aveu que j’ose vous faire ; qu’il vous suffise d’apprendre que vous seul possédez toute ma tendresse ; mais n’espérez rien de plus.

Ah ! divine Taymuras, s’écria Pétulant en tombant à ses genoux, nul mortel dans le monde n’est aussi heureux que moi ; vous m’aimez, vous daignez me le dire ; après un tel aveu, mon sort, s’il étoit connu, seroit envié des dieux mêmes. Ah ! je ne sens & n’écoute plus que l’amour : comment puis-je résister au